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COVID 19 - 3 Scénarios pour le Québec: The Good, the Bad, the Ugly

Dernière mise à jour : 7 avr. 2020

Don’t understand le français? Try deepL : www.deepl.com/translator. It’s like a Star Trek universal translator, except it doesn’t do Klingon yet.

Ceci est la version allégée et digestible de mon plus long article que vous pouvez lire là. Ici, je ne parlerai que des résultats. Si vous voulez voir les détails techniques (dans l'espoir de challenger mes hypothèses peut-être), allez lire l'autre texte.

Cet article est le troisième d’une série pour tenter d’élaborer un modèle complet de l’évolution du coronavirus au Québec, en plus d’estimer les cas fantôme. Dans le premier article, j’utilisais le nombre de morts, donnée la plus fiable et la moins susceptible d’erreur de mesures, en reculant dans le temps pour revenir au moment de l’infection. Dans le second, j’utilisais les données de dépistage massif effectué en Corée du Sud pour comparer aux données du Québec.


Le problème : le temps


Le gros problème de ce virus, c’est qu’il est lent! Pendant en moyenne 5 jours, vous pouvez vous promener comme un zombie sans savoir que vous êtes malades et contaminer les autres. Ajoutez 4 jours en moyenne pour avoir un résultat de test. Une fois confirmé, vous devez retourner 9 jours en arrière pour essayer de savoir qui est le salopard qui vous a transmis cette bibite!

Les cas officiels rapportés dans les médias ne sont donc pas un bon portrait de la réalité. Ils sont 9 jours en retard, et on ne sait pas quel % de porteurs du virus on détecte réellement (vous verrez qu’au Québec, j’estime qu’on détecte très bien).


De plus, vous risquez d’en mourir 24 jours plus tard. Quand on calcule le taux de mortalité, on divise les morts aujourd’hui par les cas infectés aujourd’hui, mais on oublie que le virus s’est propagé depuis 24 jours! Il faudrait diviser par le nombre de cas 24 jours plus tôt! Mais quel est ce nombre de cas? Ce n’est pas le nombre officiel, je viens de le dire!


Il faut donc modéliser le nombre de cas qu’on pense qu’on a eus.


Calibrer le modèle à partir du nombre de décès


Comme je l’ai écrit dans mon premier article, la variable la plus fiable est le nombre de morts. S’ils sont morts, ils ont contacté la maladie il y en en moyenne 24 jours. Plus il y a de morts, plus la moyenne de 24 jours est fiable. Il y a 94 malheureux en ce 5 avril, moment d’écrire ce texte. La seule consolation, c'est qu'ils nous auront légué une information importante.


En prenant le nombre de décès du 24 mars 2020 au 5 avril, nous pouvons inférer le nombre de cas qu’il y avait du 1er au 13 mars. On comprendra, si le taux de mortalité est de 2%, il faut 50 malades pour faire un mort. Si le taux de mortalité est de 4%, il faut 25 malades pour faire un mort. Voici le graphique qui montre cela.



Postuler un taux de mortalité de 1%, 2% ou 4% ne change pas le taux de croissance de la propagation du virus. Nous avons au moins cette information de fiable. La mesure ne bouge plus beaucoup quand j’y ajoute les nouvelles données du jour, elle commence donc à être statistiquement robuste.


Entre le 1er et 13 mars, le virus circulait librement au Québec. Son taux de croissance composé était de 18.57%. C'est une estimation du taux de croissance naturel dans une population naïve.


Les premières annonces de confinement ayant eu lieu le 12 mars, on peut postuler que le rythme de croissance entre le 1er et le 13 mars sont le taux de croissance naturel du virus, dans une population naïve (j’aime ce mot, c’est vraiment ce que nous étions). Sans mesure de confinement aucune. Avec les aéroports bondés et sans mesure de protection. Les frontières ouvertes.


Notez que pour ce modèle, que ces infectieux soient effectivement résidents au Québec, ou qu’ils entrent au pays par avion en étant contaminés, entre ces dates, ne fait pas de différence. Les gens contaminés sont juste dans le modèle.


3 Scénarios pour le Québec : The Good, the Bad, the Ugly.


Avec les paramètres et le modèle que je vous explique dans la version technique de mon article, on va passer tout de suite aux choses sérieuses. Voici 3 modèles de ce qui risque de se passer au Québec avec le coronavirus.


Avertissement (7 avril): cet article a été plus lu que mon article technique, et alors le monde ont eu tendance à prendre ceci pour du cash. J'ai utilisé un modèle d’épidémiologie 101. C'est un modèle de 3 équations. On ne décrit pas toute la réalité avec 3 équations!!! En outre je n'ai pas modélisé le lavage de main. Le fait que vous pouvez faire attention. Faire la file à 2 mètres de distance à l'épicerie. Porter un masque. Isoler les malades. Tous ces petits facteurs qui font que dans la réalité, on peut dépasser le scénario 75%. Ce modèle montre le potentiel destructeur du virus si on ne fait pas attention. C'est compris? On continue.


Premier graphique : le nombre total de malades au Covid-19 selon 3 scénarios.

On comprend : si on ne faisait rien, avec les paramètres de ce virus, on était foutu! Si on réduisait notre mobilité de seulement 50% (comme le font le reste du Canada actuellement, les États-Unis sont estimés à 33%), la situation serait quand même catastrophique. Le meilleur scénario réduit la mobilité de 75%.


Deuxième graphique, la même chose, en cas par jours.

On comprendra de ces modèles, l’apocalypse qu’on a tout juste évité.


The Ugly :

· 5,6 millions de contaminés. 169 700 morts.

· Pic le 30 avril, avec 239 928 cas par jour. Pic de morts le 23 mai, avec 7198 morts par jour!


The Bad :

· 2,8 millions de contaminés. 84 850 morts.

· Pic le 5 juin, avec 59 994 cas par jour. Pic de morts le 28 juin, avec 1800 morts par jour!


The Good :

· 1,4 millions de contaminés. 42 220 morts.

· Pic le 9 août, avec 14 998 cas par jour. Pic de morts le 29 août, avec 450 morts par jour!


Le bon scénario fait encore peur. La claque va être forte, et la durée va être longue. C’est le "bon" scénario, parce qu’avec nos 6000 lits en soins intensifs et nos quelques 2000 respirateurs, le système de santé peut passer au travers. C’est l’objectif minimum du gouvernement d’ici le vaccin. On peut faire mieux. On ne doit pas faire pire.

(Notez qu’un patient reste en moyenne de 5 à 20 jours à l’hôpital, donc les lits se libèrent).


Pour avoir un ordre de grandeur, gardez en tête que le Québec a connu environ 70 000 décès en 2018, environ le même nombre en 2019, et ce nombre de décès va naturellement augmenter vers les 80 000 et plus avec le vieillissement de la population. Le Good scénario qui montre 42 000 morts, c'est gros, mais c'est 50% des morts qu'il y aurait eu de toutes façons. Et pour le moment, il semblerait que nous avons éliminé la grippe et les accidents de voiture comme cause de mortalité ce dernier mois.


Bien sûr dans la réalité, on peut aller plus loin que ce 75%. Si vous faites parti du 75% à la maison, le virus ne rentrera pas pas la porte d'entrée. Vous êtes normalement en sécurité. Pour le 25% qui circulent encore, ils peuvent prendre des mesures de précaution. Se laver les mains, par exemple, on réduit les risques de 50%. Si on se tient à 2 mètres de distance, on réduit aussi les risques. Tous des facteurs qui font que la vraie courbe peut être plus basse encore.


Je vous laisse réfléchir aux points suivants :


  • Plus le virus est contagieux, plus la courbe est haute et à pic. Mais le désastre se termine plus tôt.

  • Plus on aplatit la courbe, plus ça va être long.

  • La capacité du système de santé dicte l’objectif minimum à atteindre.

  • Dans ce modèle, le virus se propage parmi les personnes encore susceptibles. En concret : ceux qui sont encore dehors et ne font pas attention. Vous allez voir les chiffres continuer d’augmenter dans les médias, mais si vous êtes confiné à la maison, ce ne sera pas vous dans ces chiffres. Occupez-vous d'abord de vous. Comme externalité, ça aidera aussi les autres.


Que s’est-il passé au Québec après le 13 mars?


Le gouvernement du Québec a été le premier à agir en Amérique du Nord en annonçant la fermeture des écoles le 12 mars, effectif pour le lundi 16. Mais tout de suite après, les gens se sont rués dans les Costco et autres magasins à grande surface! La contamination a dû être plus grande cette fin de semaine-là. Nous verrons les premiers morts de cette fin de semaine dans les prochains jours…


Il faut vraiment commencer à mesurer les premières mesures de confinement à partir du lundi 16 mars. Et encore, elles étaient partielles. Probablement efficaces entre 40% et 50%.


N’oublions pas que nous avons eu une longue semaine de débat avant de réussir à fermer les aéroports et les frontières! Nous verrons les nouveaux morts causés par ce délais cette semaine! Prenez des notes!


Le 23 mars, le gouvernement a annoncé la fermeture des commerces non-essentiels. Les frontières étaient fermées ou en train de l’être. Le retour des snowbirds, malgré les anecdotes journalistiques, est marginal au point où le modèle est rendu. Le confinement était peut-être de 66%?


Le 30 mars, le gouvernement a accentué les mesures policières. Le 4 avril, Google a publié une étude montrant que les québécois auraient réduit leur mobilité à presque 75% (merci d’espionner nos téléphones, Google!). Le premier ministre l’a mentionné aujourd’hui.


C’est donc une lente adaptation qui a eu lieu entre le 12 et le 30 mars.


Mon modèle du Québec, la ligne bleu épaisse, tient compte de ce lent ajustement. Initialement encore dans le scénario sans contrainte (pendant la fin de semaine "Costco"), nous progressons lentement vers le scénario 75%. Cette lenteur d’ajustement aura des coûts humains. Mais ils sont limités.

À long terme, le modèle du Québec tend vers le scénario 75% de confinement. Vous voyez l'écart? Même si actuellement, la situation paraît sombre, c'est parce que nous regardons les données qui témoignent de ce qui s'est passé de 9 à 24 jours avant. Dans le grand portrait, nous sommes sur la bonne trajectoire!


Mon meilleur modèle du COVID-19 pour le Québec

(En date du 5 avril 2020)


Toutes ces calibrations m’amènent au modèle suivant.

Aujourd’hui, le 5 avril 2020, il y aurait potentiellement 16 048 cas dans la nature.

Les 7944 cas annoncés sont des cas infectés le ou avant le 27 mars dernier. De ces infections ayant eu lieu le ou avant le 27 mars, nous en identifions 71,8%, en constante progression, et il resterait 3125 cas fantômes du 27 mars pas (encore) identifiés. Ils peuvent être asymptomatiques.


De mes deux précédents articles, ici et ici, j’inférais un taux de cas fantômes d’au moins 25% en se comparant avec le dépistage de la Corée du Sud, et au plus 50% avec la même méthode qui est utilisée ici. Que nous arrivions présentement avec un taux de 28,2% est du même ordre de grandeur.


Je suis plutôt confiant sur le court terme. Mes projections vont jusqu'au 15 avril. Et comme avec toute projection, plus on s'éloigne, plus les choses peuvent changer.


À long terme, ce modèle donne ceci. Encore une fois, ce n'est qu'une projection du potentiel du virus. Je ne suis pas près à prendre des paris sur l'exactitude des chiffres. Je le montre pour comprendre les ordres de grandeur, parce que je crois que ça aide à ne pas relâcher les efforts.



Le pic serait visible le 21 juillet avec 15 000 cas par jour. Un total de 42 224 morts d’ici Noël, avec un sommet de 450 morts par jour le 12 août.


Mettez ces chiffres en perspectives, nous avons bon an mal an 80 000 morts par année normalement. Nous aurons un bond de 50%, et peut-être que certaines victimes seraient mortes de toutes façons. Le scénario du pire, avec les mêmes paramètres, estime 170000 morts. Nous somme en voie d'en prévenir 130 000. Nous éviterons le pire.


Mais vous seriez quand même 1,4M avec une bonne grippe pas trop le fun! 😉


Autre scénario: les paramètres recommandés par le Dr Gaétan Barrette


Simple clin d’œil, voici les paramètres que M. Barrette m’a recommandé sur Twitter. R0 de 2 et mortalité « beaucoup plus bas » que mon 4% initial.


Ces paramètres plus optimistes que les miens (virus moins contagieux à la base, mortalité moins forte) donne une courbe semblable à la mienne.


J’attirerai l’attention sur ces points :

  • Taux de détection de 47,5% des cas (versus 71% pour mon modèle). Il y aurait beaucoup plus de cas fantômes qu'avec mes paramètres.

  • Date du pic le 15 août (plutôt que 21 juillet pour mon modèle). Rendu là…

  • Évidement, beaucoup moins de morts. Mais ça, nous le saurons à la fin.


Conclusion


Je publie ceci non pas pour alarmer la population, mais plutôt pour lui donner espoir.


Non pas pour battre de vitesse toute l’équipe de scientifiques du Dr. Horacio Arruda, mais…. ok je veux battre de vitesse toute son équipe!


Et aussi pour contribuer sur les hypothèses et les légendes urbaines qui circulent :

  1. Il y a probablement moins de cas fantômes que vous croyez.

  2. Le virus est probablement plus mortel que vous croyez.

  3. Le virus circule au Québec depuis la fin février / début mars, mais pas avant ça. Oubliez la théorie du complot du virus qui circule depuis 2019! Il y aurait eu des morts bien avant ça.

  4. Le gouvernement provincial n'a réagit qu'une semaine trop tard. Le gouvernement fédéral, au moins 2 semaines trop tard. C'est sommes toutes bon, quand on connait la vitesse d'un gouvernement normalement. Mais le prix du retard pourra se calculer, quand tout sera terminé.


Je suis optimiste! Je pense que nous sommes sur la trajectoire de 75%, malgré un petit retard au démarrage, et que dans la vraie vie, nos comportement ont changés et font que la réalité sera encore moins pire que ça. Mais ça donne aussi une idée de ce qui nous attend si on relâche la garde.


Reste à savoir quel est le prix à payer. Ce sera probablement pour un autre billet.


D’ici là, prenez-soins de vous.

Mathieu Marchand

Le Vulgaire Économiste

22 963 vues2 commentaires

2 comentários


Mathieu Marchand
Mathieu Marchand
07 de abr. de 2020

Je n'ai pas la réponse. Et le modèle que j'ai utilisé n'est qu'un modèle d'épidémiologie 101. Comme les modèles d'économie 101, ils marchent rarement. Le modèle que j'ai utilisé dit que si 25% de la population n'est pas isolée, ce 25% va le pogner un jour ou l'autre. Je doute que ce soit le cas.

Probablement que dans la vraie vie, on ne le pogne pas au Maxi. La contamination dans les hôpitaux n'est pas aussi intense. Tous ceux qui restent à la maison sont safe et les autres sont capable de l'éviter. Dans les CHSLD, un cas ne veut pas dire une propagation généralisée. Donc si on arrive à contenir l'épidémie, leur scénario se peut.

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jp.boisvert
07 de abr. de 2020

Je viens d'écouter la présentation des scénarios et je me demande: On sait que le % décès est fonction de l'âge des patients et que les gens âgés sont plus susceptibles d'être hospitalisés. Alors comment se fait-il que le Qc ferait mieux que le Portugal en hospitalisation et soins intensifs mais ferait moins bien en terme de mortalité? Comment peut-on expliquer cela?

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